mardi 17 mai 2011

A la Haute-Touche, les animaux menacés reprennent du poil de la bête

La plus vaste réserve de France mène des programmes de recherche pour réintroduire des espèces en voie d'extinction dans leur milieu naturel...
A pied, en calèche, en vélo, en voiture… Il y a mille et une façons de découvrir le parc de la Haute-Touche. Et cette réserve animalière, la plus vaste de France, qui s’étend sur 500 hectares au beau milieu de la Brenne entre Poitiers et Tours, vaut le détour. Dans un paysage d’étangs et de forêts, des animaux exotiques comme les tigres, guépards ou lémuriens, cohabitent avec des espèces locales. Ce sont en particulier les cerfs qui font l’originalité de ce parc: ils occupent une place importante dans la recherche menée par les équipes du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) sur la conservation des espèces menacées.

Les recherches sur les cerfs au secours des fillettes atteintes de cancers

Les 21 espèces et sous-espèces de cervidés qui peuplent le parc de la Haute-Touche sont en effet l’objet de recherches sur la procréation assistée, la fécondation in vitro et la cryogénisation des ovaires. «En Europe, le cerf élaphe prospère, mais dans certains pays il est confronté à une extinction assez critique», explique Yann Locatelli, enseignant-chercheur au MNHN. Pour qu’un jour des populations de cerfs puissent être réintroduites dans leur milieu naturel, les scientifiques essaient d’optimiser leur capacité de reproduction en captivité. «Nous menons des études sur la réceptivité des femelles aux vocalises des mâles, ou encore sur la relation entre les mères et les petits», précise Yann Locatelli.
Et ces recherches peuvent aussi servir à l’homme. Ainsi, les techniques de cryogénisation d’ovaires ont été utilisées pour les fillettes atteintes de cancer: «On peut prélever les ovaires avant les traitements de chimiothérapie, qui détruisent les fonctions ovariennes, et ensuite les regreffer à l’âge adulte, une fois le cancer traité», explique le chercheur. Une première naissance grâce à cette technique développée sur les cerfs a déjà eu lieu au CHU de Limoges.

Un espoir pour les espèces menacées

Quant aux cerfs, il n’y a pas encore eu de réintroduction dans la nature par «manque de moyens» et de stabilité politique dans certains pays, comme pour le markhor, ce bouquetin d’Afghanistan menacé d’extinction. «Mais nous participons à des plans d’élevage européens, par exemple pour l’oryx algazelle, considéré comme éteint à l’état naturel, explique Patrick Roux, soigneur au parc de la Haute-Touche. Quelques groupes ont été réintroduits dans le désert mais leur population reste très fragile, notamment à cause du marché noir des cornes qui sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle, comme trophée ou sont transformées en manche de poignard.»
Sikas de Formose, gnous à queue blanche, cerfs de Duvaucel ou daims de Mésopotamie trouvent à la Haute-Touche un espoir de regagner un jour leurs habitats d’origine. Comme les cerfs du Père David, ancienne chasse gardée des empereurs chinois, qui ont été conservés en Europe et ont pu être réintroduits dans des réserves en Chine depuis quelques années. «C’est mon préféré, explique Patrick Roux, intarissable sur les espèces qui peuplent le parc. Son nom en chinois signifie "aucun des quatre": il a un cou de chameau, des sabots de vache, des bois de cerf et une queue d’âne.»
Toutes les informations sur le parc de la Haute-Touche: http://haute-touche.mnhn.fr/

http://www.20minutes.fr/article/725612/haute-touche-animaux-menaces-reprennent-poil-bete

Aucun commentaire: