mercredi 6 avril 2011

Une phoque gris aperçu en Dordogne

Tous les pêcheurs vous le diront : on trouve de tout dans la Dordogne, y compris ce qui ne devrait pas s'y trouver. Pour preuve, ce phoque gris, d'environ 80 kg pour 1,80 m de long, aperçu en début de semaine, sur les berges de la rivière. Le premier à avoir signalé son existence à la presse est un pêcheur bergeracois, domicile sur la rive gauche. À la retraite depuis quatre ans, Marc Broquaire ne sort jamais sans son appareil photo : lundi matin, alors qu'il longeait la rivière, le sexagénaire est tombé nez à nez avec un phoque, « gris et grand comme un homme » qu'il a aussitôt « mis en boîte ». Sans quoi, « les gens se seraient demandé si je n'étais pas devenu fou ! », explique Marc Broquaire. « De loin, j'ai cru à un morceau de bois échoué sur la berge, mais au fur et à mesure que je me suis approché, ça ne faisait plus l'ombre d'un doute. C'était bien un phoque. »
« Il a remonté la rivière »...


Un phoque ! En apprenant la nouvelle, les pêcheurs de la Gaule bergeracoise ont cru à un poisson d'avril - « Vous nous faites une blague, c'est ça ? » Il faut croire que non, puisque le très sérieux directeur d'Epidor (1), Guy Pustelnik, confesse « avoir eu vent de la présence d'un animal semblable à un phoque à Sainte-Foy-la-Grande la semaine dernière ». « Personnellement, je pencherais plutôt pour un coulobre, dont nous avons récemment réintroduit l'espèce dans le Dordogne, mais l'hypothèse d'un phoque ne me surprend pas. Il y a trois ou quatre ans, on a retrouvé un représentant de l'espèce dans la vallée de l'Isle. » Mais une photo prise la semaine dernière du côté de Port-Sainte-Foy (en Une du journal) confirme bien sa présence dans les environs.

Comment donc ce mammifère marin a-t-il pu arriver aux portes de Bergerac ? Là persiste le mystère. Passée la surprise - « Pardon, on a retrouvé quoi dans la Dordogne ? » -, Frédéric Dhermy, le directeur du complexe touristique des Eaux de Queyssac, veut bien avancer un début d'explication : « Pour moi, le phoque a remonté la rivière depuis l'estuaire de la Gironde. La raréfaction du poisson en mer a sans doute poussé ce mammifère à suivre les bancs d'aloses qui fraient dans la Dordogne. » Un scénario jugé plausible par Laurent Corbel, le directeur de l'aquarium du Périgord noir (2), qui, le premier, se souvient « avoir vu à la télévision une baleine de six mètres se mouvoir dans la Tamise ». « Vous savez, tant qu'un animal peut continuer à se nourrir, il n'a aucune raison d'arrêter sa fuite en avant », indique ce fin connaisseur des poissons d'eau douce.

... Ou s'est échappé d'un zoo ?

Un phoque vaillant ? Suffisamment vaillant pour parcourir 150 km à la nage ? Pour le coup, le pisciculteur et pêcheur professionnel Frédéric Delmarès est plutôt sceptique. « La présence du mammifère ne me surprend pas. Il y a quinze ans un phoque avait trouvé refuge sur un rocher de Creysse. En l'espèce, l'animal s'était échappé d'un zoo. Ça pourrait être le cas cette fois encore. »

Combien de temps encore le phoque passera-t-il dans les eaux de la Dordogne ? Lui seul est à même de le savoir. Pour l'observer de plus près, le mieux est encore de participer à la visite commentée des berges de Prigonrieux, dimanche après-midi. D'ici là, le naturaliste Yannick Lenglet aura sillonné le terrain.

(1) Établissement public territorial du bassin de la Dordogne. (2) Implanté au Bugue.
http://www.sudouest.fr/2011/04/06/un-phoque-egare-364079-1733.php

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