dimanche 24 avril 2011

Loup des Vosges : « C’est la panique totale »

Il a les traits tirés. Patrice Munsch est l’un des trois éleveurs de Ventron. Le plus petit, avec 220 brebis.
Au beau milieu de son troupeau, basé au lieu-dit le Gros Pré, le berger reconnaît qu’il est au bout du rouleau : « Je commence à perdre ma patience et ma passion. Le soir, je veille parfois jusqu’à 2 h du matin avec les techniciens de l’Office national de la chasse. Je ne vois plus mes enfants depuis quinze jours », raconte celui qui a subi deux attaques.
« Pour l’instant, j’ai retrouvé sept brebis mortes et quatorze sont toujours disparues. Sans compter toutes celles qui avortent à cause du stress. Le lendemain de la deuxième attaque, j’ai retrouvé le gros de mon troupeau à 8 km de là où je l’avais laissé la veille. Ce qui est sûr, c’est que quand on voit les coteaux où ont eu lieu certaines attaques, c’est une bestiole qui a la patate. »

« Le loup n’a pas de montre »

Un sifflement, deux instructions à son chien Dédé, et le border collie lui ramène le troupeau : « Je n’ai jamais vu mes bêtes dans un état pareil. Dès que mon portable sonne, elles s’enfuient en courant. C’est la panique totale. Elles sont perdues. »
Pour cet éleveur, le coupable ne fait guère de doute : « Depuis le début, je suis persuadé que c’est un loup. On me dit qu’il est impossible qu’il arrive dans les Vosges avant au moins cinq ans. Comme si cet animal avait un calendrier et une montre ! Nous sommes le seul massif montagneux français où il n’y en a pas. Cela ne peut pas durer. »
Une arrivée qu’il ne verrait pas d’un bon œil : « On fait le plus beau métier du monde. Sauf quand on retrouve ses brebis saignées. Là, on est envahi par un sentiment d’inachevé, et on chiale. »
Le Vosgien aimerait également aussi que les autorités commencent à parler argent. « Ce n’est pas un métier qui rapporte beaucoup, mais là, le manque à gagner devient important. » La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles évalue chaque brebis à 150 € : « C’est léger quand on sait qu’elles donnent en moyenne 1,5 agneau, et qu’on vend ceux-ci 150 € pièce. »
S’il s’avère que les dommages sont l’œuvre d’un loup ou d’un lynx, espèces protégées, l’Etat devrait les prendre en charge.
L’affaire se complique si le carnage est signé par un chien. Ce sont alors les propriétaires qui devront payer l’addition.
A condition qu’on les retrouve…
http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2011/04/23/c-est-la-panique-totale

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