vendredi 29 avril 2011

Ces éléphants veulent revenir à Montauban

Depuis le mois d'octobre dernier ces quatre éléphantes (dépendant des services vétérinaires de Montauban) et la famille du dompteur sont coincées sur un terrain vague de Casablanca. Pour une histoire de visa sanitaire.
Elles sont quatre dont l'âge oscille entre 40 et 45 ans. Elles répondent aux doux prénoms de Sabine, Bélinda, Pira et Dana. Depuis sept mois à part les embruns de l'océan Atlantique et une toile de tente bleue pour les protéger du soleil et du vent marocain, elles « dépriment » à Casablanca en se répétant en boucle comme un des personnages mythiques du film-culte « Les Tontons flingeurs » : « On ne devrait jamais quitter Montauban ». Chacune accuse le poids respectable de 3,5 tonnes et le quatuor ingurgite environ 25 bottes de foin par jour. A joutez à cela la paille, les autres frais de nourriture et vous aurez un petit bout de l'imbroglio qui a transformé les quatre éléphantes de Joy Gartner et sa famille en « sans-papier » ne pouvant revenir en France. À Montauban pour les éléphantes d'Asie (1) qui auraient dû être les vedettes de la tournée 2 011 du cirque Pinder, et à Valence -d'Agen pour le dompteur qui possède dans cette cité devenue capitale régionale du cirque d'hiver… une adresse postale - rue du Château.

Victimes d'une loi européenne

L'histoire est longue et complexe avec peut-être derrière la montée en puissance d'organismes et associations qui comme pour la corrida sont contre les animaux capturés et exhibés au cirque. En 2005 Joy Gartner et ses quatre éléphantes (qui dépendent en surveillance sanitaire de la direction des services vétérinaires de Tarn-et-Garonne) partent en tournée en Roumanie où le numéro est intégré à un cirque. Ensuite l'ensemble débarque en Tunisie, puis au Maroc. Et désire rentrer en Francel'an dernier cinq ans après le départ d'une cité de la côte d'Azur . Mais le carnet ATA qui est un document douanier pour les opérations de transit des animaux (délivré par la chambre de commerce de Marseille) n'est plus en règle. En outre, au Maroc sévit la fièvre aphteuse et la législation du royaume chérifien n'est pas compatible avec celle de l'Union Européenne. Le seul port pouvant accueillir les camions et roulottes de la famille Gartner est celui d'Algésiras. Ensuite il faut obligatoirement passer par une mise en quarantaine. Personne pour l'heure entre Espagne et France ne s'est décidé à dire oui au come-back.
Joy Gartner, son épouse, les enfants vivent près de la corniche de Casablanca sur un terrain vague. Les ressources financières s'épuisent, l'endettement s'accroît (plus de 100 000 € ?) et il faut nourrir les animaux et vivre. C'est difficile.Très difficile.

Une impasse dramatique

Hier matin Joy au téléphone confiait : « On est sur ce terrain poussiéreux depuis le mois d'octobre dernier. C'est long, très long. Les Marocains sont formidables avec nous.Ils sont solidaires. Notamment tous les gens des logements proches de notre petit chapiteau. Mais ce n'est pas une solution. Les animaux ne peuvent éternellement rester dans un enclos. Je sais qu'en France et ailleurs beaucoup de gens me soutiennent, m'écrivent des mails (un groupe de soutien sur Facebook compte plus de 4 000 membres), m'appellent. Mais nous, on voudrait rentrer, car on se trouve dans une impasse dramatique. Ma famille m'envoie de l'argent pour nourrir les animaux mais plus les jours passent, plus on arrive au bout de ce qu'il est possible de faire. Et l'on ne voudrait pas envisager le pire : celui de faire euthanasier les bêtes comme on l'avait évoqué il y a deux mois. »
Reste maintenant à croiser les doigts car une solution pourrait se faire jour en Haute-Garonne si par exemple les services vétérinaires et des douanes trouvent un bâtiment capable d'abriter la mise en quarantaine du quatuor de 14 tonnes qui veut rentrer à tout prix à Montauban.
(1) Le Tarn-et-Garonne et les éléphants c'est une histoire ancienne et parfois tragique. Il y eut la famille Pinder qui vint s'installer vers la fin du XIXe siècle arrivant de Londres à Lavilledieu-du-Temple. Il y eut l'épisode tragique de l'éléphant « Punch » abattu par l'armée et que l'on découvre à l'entrée du muséum d'histoire naturelle de Toulouse. Quant aux cartophiles ils ont en mémoire cet éléphant labourant des champs à proximité de Montauban lors de la Grande Guerre. Quand tous les chevaux avaient été réquisitionnés ou étaient morts dans les batailles des Ardennes et (ou) de l'Est de la France.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/04/28/1069944-Ces-elephants-veulent-revenir-a-Montauban.html

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