jeudi 6 juin 2013

Des animaux empoisonnés dans les bois

Les premiers cadavres ont été découverts le 15 février, à quelques mètres du château d'eau qui trône au sommet de la colline du bois de Caumont. Au cours d'une chasse, Jean-Pierre Maigret tombe sur les dépouilles d'un labrador et d'un beauceron. Aucune blessure apparente, les animaux semblent morts depuis quelques jours. Les chasseurs préviennent les gendarmes. Rapidement identifiés par deux vétérinaires beauvaisiens grâce à une puce, leur propriétaire est informé. L'affaire aurait pu en rester là.

Quinze jours après, une autre battue est organisée. À la fin de la traque, un chasseur s'étonne de ne pas voir revenir Twist, son setter. Appels, sifflets, rien n'y fait. Il revient sur ses pas. Et découvre le chien étendu sur le sol, à 100 mètres du château d'eau. « Il n'y avait plus rien à faire. Raide mort », se souvient Jean-Pierre Maigret. L'écume autour de la gueule de Twist l'intrigue. Les quelques cadavres de renards croisés par d'autres chasseurs dans le secteur confirment sa crainte d'un empoisonnement.
 

Une surveillance accrue dans les environs
 

Le chasseur se présente à la gendarmerie. L'estomac du chien est prélevé et envoyé pour examen au laboratoire vétérinaire départemental de Dury-les-Amiens. Analyse négative. « Mais ils n'ont contrôlé que les poisons les plus courants, mort-aux-rats et strychnine. » En revanche, du poisson est découvert qui ne figurait pas au menu de la dernière gamelle.

Jean-Pierre Maigret s'entête, réclame de nouvelles analyses à un laboratoire spécialisé dans le Rhône. Vendredi dernier, les résultats tombent. « Ces analyses sont chères et prennent du temps », note-t-il. Chères, mais fructueuses: la présence d'aldicarbe est attestée. Plus connu sous son nom commercial de Temik 10 G, cet insecticide des laboratoires Bayer est prohibé depuis le 31 décembre 2007. Et confirme pour Jean-Pierre Maigret la piste de l'empoisonnement délibéré.

Mettre la main sur le coupable ne sera cependant pas une mince affaire. « Il faut que la personne soit prise en flagrant délit, en train de poser les appâts. Sinon, c'est du parole contre parole et cela ne mène à rien », note un agent de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). « C'est peut-être un anti-chasse. Ou un fermier qui, après quelques descentes de renards dans le poulailler, a décidé de régler le problème par lui-même. Sans recourir aux services d'un piégeur, qui agit dans la légalité », continue-t-il, pas particulièrement aidé par l'aménagement du territoire. « Contrairement au Plateau picard, où les exploitations sont de grande taille, il y a beaucoup de petites fermes ici. »

La surveillance des environs sera accrue dans les prochains temps. En attendant, la laisse est de rigueur pour toute balade dans le bois de Caumont.


http://www.courrier-picard.fr/region/des-animaux-empoisonnes-dans-les-bois-ia186b0n101694

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