dimanche 23 juin 2013

Dans une pâture de la Pévèle, un daim se prend pour une vache chaque été depuis trois ans

Personne, à commencer par Gégé et Madame Jeanne (1), ne sait d’où il sort, et surtout ce qui lui passe par la tête six mois par an… Toujours est-il que depuis trois ans, une daine – une femelle de daim, si l’on en croit l’absence de bois – vient passer ses vacances d’été avec leurs vaches en imitant leur comportement. Une bizarrerie de la nature qui met en joie les propriétaires bienveillants.
Au risque de décevoir les amoureux de Dame Nature qui aimeraient venir lui tirer le portrait, nous tairons le lieu de villégiature de la belle pour lui éviter de se faire tirer dessus tout court. « Y’a du braconnage aux chevreuils dans le coin, confirme Gégé, agriculteur depuis vingt ans. Ça me ferait mal qu’elle se fasse tuer… ».
C’est qu’il y tient à sa daine le Gégé. Depuis trois ans, cet exploitant de la Pévèle scrute le retour du joli daim tacheté qui vient passer l’été en compagnie d’une vingtaine de ses vaches laitières dès qu’il les remet au pré. « Une fois que mes bêtes ressortent en mars, l’animal pointe le bout de son nez, sourit celui dont l’exploitation a été baptisée La Ferme au daim par certains voisins amusés. On a d’abord cru à une biche mais vu ses tâches sur le dos, c’est bien un daim. C’est comme un mouton, ça vit en groupe. Je pense qu’il s’est sauvé d’un enclos. Au début, j’avais une hantise, qu’il tète mes bêtes. Ça aurait déformé les mamelles et là, c’était foutu pour traire la vache. »
Heureusement, l’accueil a été chaleureux et la cohabitation se passe bien. Si la daine se prend pour une vache six mois durant, elle s’est gardée de quémander sa pitance au pis des ruminants.

« On s’y est attaché »

Résultat, le troupeau l’a prise sous son aile et la jolie rouquine fait aujourd’hui partie de la famille. « C’est dingue, poursuit l’agriculteur. Elle fait tout comme mes vaches. Elles se promènent, elle suit. Elles broutent ou se couchent, elle fait pareil. Elle a vraiment été adoptée. Parfois, les vaches semblent même la protéger. Et nous, on s’y est attaché. Forcément. »
De temps en temps, histoire de changer d’air, la daine délaisse les laitières pour les bêtes à viande de Mme Jeanne, dans le pré d’à côté. Une destination qui n’est pas sans risque selon l’agricultrice qui pense que les vacances commencent là. « Je sors mes vaches avant celles de Gégé, raconte Mme Jeanne. On voit alors arriver la daine comme si elle savait… Le problème, c’est que mes bêtes, elles, ont des veaux. Du coup, elle risque le coup de corne. Mais j’ai remarqué qu’elle était vive, elle esquive facilement. » Du genre paisible, la daine passe du coup le plus clair de son temps dans les prés de Gégé, où, on l’imagine, elle cause prix du lait et cinéma. Une histoire de vache et de prisonnier apparemment… En octobre, après avoir claqué la bise aux copines, elle mettra le cap sur on-ne-sait-quel bosquet où elle attendra le retour de la belle saison. « Je l’ai déjà croisée l’hiver, elle n’est jamais très loin, ajoute Gégé. On la laisse venir manger un peu de foin en bord d’étable mais le plus souvent elle se débrouille seule. On a tellement de plaisir à la voir… Comme les gens qui s’arrêtent prendre des photos en bord de route, on trouve ça beau, tout simplement. »
1. Noms d’emprunt

http://www.lavoixdunord.fr/region/dans-une-pature-de-la-pevele-un-daim-se-prend-pour-une-ia16b0n1352988

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