mardi 29 avril 2014

Le loup étend son territoire

En février, la dépouille d'un loup tué par balle avait été découverte dans la Marne. Un autre spécimen vient d'être repéré dans le sud du département de la Meuse, loin des Vosges, son territoire de prédilection.
Pour Anne Frézard, du Parc Argonne Découverte, près de Vouziers, un loup en Meuse « n'a rien de surprenant ». Le loup est une espèce capable de faire des déplacements extrêmement importants. « Rien ne l'arrête », ni une autoroute, ni une ligne TGV...
« Cette extension de territoire est même logique, les loups - comme l'ensemble des canidés (renards...) - sont opportunistes. Ils vont là où leur estomac les guide, alors pourquoi pas le Nord et l'Ouest », note la spécialiste, « mais toujours le plus loin possible des Hommes, dont il a peur », rappelle-t-elle.

Rien n'arrête le loup

Ce phénomène de loup erratique (ou loup solitaire) – comme observé en Meuse, mais aussi dans le sud de la Marne et à la frontière belge en 2011 - pourrait se multiplier. « Des jeunes loups font parfois les frais de la loi dictée par les mâles dominants de chaque clan. Et quand la nourriture vient à manquer, les tensions s'exacerbent au sein du groupe, explique l'expert, le stress gagne la meute et les évictions sont plus fréquentes. Des loups errent alors à la recherche d'un nouveau territoire, de nourriture et d'un ou d'une nouvelle congénère... et parcourent de grandes distances ». Pour l'heure, l'animal recolonise le territoire de façon erratique.
Mais un loup seul, n'a pas grande espérance de survie. Habitué à chasser en meute, le loup solitaire va rapidement atteindre ses limites : « ce n'est pas évident de ramener deux kilos de mulots chaque jour », ironise Anne Frézard. C'est alors que l'animal opte pour la facilité, au mépris du risque, et s'attaque à des troupeaux.

Ils repoussent ses frontières

Pour survivre, le loup n'a alors qu'une possibilité : recréer une meute. En effet, un loup chassé de son clan ne peut - en règle générale - pas ré-intégrer un nouveau groupe, « c'est à lui de trouver une ou une congénère pour se reproduire et créer une nouvelle meute, sa propre meute ».
Sur le principe du territoire, la meute de loups du Parc Argonne devrait éloigner les congénères trop curieux... « Oui, sauf que notre meute (huit loups nés en captivité, deux jeunes loups adoptés et deux adultes, tous originaires de la Creuse) est plutôt discrète, nuance Anne Frézard, nos animaux hurlent rarement pour faire connaître leur présence, C'est une question de tempérament ». Sans l'avertissement de « ces vocalises nocturnes », un loup solitaire n'aura donc que l'odorat (cela implique une certaine proximité) pour localiser cette meute ardennaise.
Le « plan loup » 2013-2017 a réaffirmé le statut d'espèce protégée de l'animal. Sauf dérogation, il est interdit de l'abattre. Ces dérogations sont en hausse : 24 "prélèvements" pourront être effectués en 2014 - alors qu'entre 2008 et 2012, seuls 7 loups ont été officiellement abattus. Mais pas de quoi empêcher l'espèce de poursuivre sa colonisation du territoire français.

http://www.lunion.presse.fr/accueil/le-loup-etend-son-territoire-ia0b0n339207

Aucun commentaire: