vendredi 2 septembre 2011

Réintroduction du cerf : le projet divise le département

Le projet de la Fédération de chasse sera débattu à la commission consultative de l’ONCFS, qui doit réunir l’ensemble des acteurs concernés à la rentrée. L’avis rendu par la commission devrait aider le préfet à statuer
Le projet suscite la controverse. Propriétaires forestiers et agriculteurs sont fortement opposés à la réintroduction du cerf dans le département. Face à eux, la Fédération des chasseurs de la Loire défendra son projet jusqu’au bout. En attendant l’avis de la commission consultative de l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et la décision du préfet, explication en détail du projet avec Gérard Aubret, président de la Fédération départementale des chasseurs de la Loire.
>> Comment ce projet a-t-il vu le jour ?
Le projet de réintroduire le cerf dans la Loire date de 2006, au moment de l’élaboration du schéma départemental de gestion cynégétique. Afin de pouvoir s’appuyer sur une étude neutre, nous avons fait appel à l’ONCFS, qui a réalisé des analyses de compatibilité. Le but étant de déterminer trois zones favorables à une présence de cerfs et d’identifier les risques sur l’activité socio-économique. L’organisme scientifique s’est appuyé sur une compilation d‘expériences d’autres départements avec une configuration et un contexte naturel similaires à ceux de la Loire, comme le Cantal ou le Puy-de-Dôme. L’étude a révélé qu’une cohabitation avec un faible impact sur les milieux naturels était possible, notamment dans les Monts du Pilat et du Forez.
>> Et quelle a été l’étape suivante ?
Une fois l’étude réalisée, nous avons immédiatement averti tous les acteurs concernés, en organisant une quarantaine de réunions avec les municipalités, les communautés de communes, les représentants agricoles et forestiers. Nous avons ensuite présenté notre projet au ministère du Développement durable, qui a reconnu la qualité du dossier et qui a été sensible à notre volonté de ne pas faire n’importe quoi.
>> Dans le passé, le cerf était-il présent dans la Loire ? Quelles ont été les causes de sa disparition ?
Le cerf est encore présent aujourd’hui, quatre mâles ont été dénombrés dans le département. Mais il était surtout présent au XIX e siècle dans toute la moitié sud de la France. Après la Révolution française, la chasse s’est démocratisée et la population a été rapidement détruite. Les causes à l’origine de la disparition de l’espèce ne sont plus valables à l’heure actuelle. La chasse est devenue une activité de loisirs très encadrée et le comportement des chasseurs a évolué.
>> Que répondez-vous aux opposants au projet ?
Nous pensons qu’un compromis est possible pour vivre ensemble et partager un espace. On souhaiterait que, dans les débats à venir, il n’y ait plus de simple opposition de principe mais une vraie opposition technique avec des arguments scientifiques. Le monde agricole et les forestiers ont une vision un peu trop caricaturale. Il y a beaucoup de départements où la présence du cerf n’a jamais provoqué de problème. Dans les départements que nous avons pris pour exemple dans l’étude qui a été réalisée, il n’y a aucune déclaration de dégâts des agriculteurs. Malheureusement, le contexte économique difficile dans lequel se trouve actuellement le monde agricole risque de porter préjudice à notre projet.
>> En cas de décision favorable, comment procéderiez-vous pour réintroduire l’espèce ?
Nous n’allons pas jouer aux apprentis sorciers. Nous voulons réintroduire un nombre raisonnable d’individus, soit une trentaine sur chaque zone, avec deux tiers de femelles et un tiers de mâles. Un plan de gestion et de chasse régulera la population, comme c’est déjà le cas pour le sanglier et le chevreuil. La Loire est un département pilote au niveau national en terme de mise en place d’outils de gestion des cervidés. Nous avons un savoir-faire reconnu en la matière. Nous développerons une zone blanche pour entraver la dynamique logique de la population et les mouvements vers les autres départements. Chaque individu sera marqué d’une couleur, équipé d’un collier émetteur et d’une puce pour assurer un suivi individuel. Les animaux seront régulièrement comptés sur des circuits élaborés au préalable. On sera très attentif aux conséquences de la présence du cerf sur la végétation.
>> Quels seraient les avantages d’avoir des cerfs dans la Loire ?
Il y a un déjà un intérêt en matière de biodiversité, mais aussi cynégétique, avec une plus grande variété d’espèces à chasser. Puis, il y a des enjeux touristiques majeurs. La période de brame du cerf attire une forte population touristique de non-chasseurs, permettant de prolonger la période estivale. En Haute-Loire et dans le Cantal, les observatoires sont pris d’assaut et les gîtes sont très vite complets. Enfin, c’est un animal emblématique de la chasse et un très bon outil de communication pour faire connaître le département.
>> Quel est votre sentiment quant à la décision finale ?
Malgré la très forte pression des agriculteurs et des propriétaires forestiers, nous sommes confiants vis-à-vis de nos arguments et de la qualité du dossier. Après, nous sommes conscients, qu’à quelques mois d’une échéance électorale, ce seront d’avantage des enjeux politiques qui pèseront sur la décision du préfet et, dans ce domaine, nous n’avons aucun moyen pour changer la donne.
http://www.leprogres.fr/loire/2011/08/31/reintroduction-du-cerf-le-projet-divise-le-departement

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