lundi 21 février 2011

Abattage des animaux : Bardot porte plainte contre deux ministres

Brigitte Bardot poursuit sa croisade contre les souffrances infligées aux animaux dans les abattoirs de boucherie. Sa fondation vient ainsi de saisir la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les infractions commises par des membres du gouvernement pendant l’exercice de leurs fonctions. La plainte, déposée par Me Gilbert Collard, vise le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, qui supervise les directions départementales des services vétérinaires, et celui de l’Intérieur, Brice Hortefeux, supérieur hiérarchique des préfets
Il leur est reproché de laisser commettre dans les abattoirs des pratiques contraires à la réglementation européenne et au Code rural.


La première dérive dénoncée par Brigitte Bardot porte sur l’étourdissement préalable de l’animal (par choc, électricité ou gaz) avant son égorgement, principe imposé par une directive européenne de 1993. « Une forme d’anesthésie qui limite les souffrances. L’animal est insensibilisé avant la saignée et meurt avant d’avoir repris conscience », précise un vétérinaire. Afin de garantir le libre exercice de certains rites religieux, une dérogation autorise les représentants du culte musulman (viande hallal) et israélite (viande casher) à ne pas étourdir les bêtes.


Demande d’audit interne


« Or, beaucoup d’animaux sont tués selon le mode rituel alors que leur viande n’est pas destinée au marché hallal ou casher », relève la Fondation Bardot, en constatant une généralisation de cette pratique dans nombre des 280 abattoirs en France. « Trop d’animaux ne sont pas étourdis, les chiffres le montrent. C’est le cas d’environ 80% des moutons et des chèvres et de 40% des gros bovins », confirme un inspecteur des services vétérinaires. Pourquoi s’affranchir du principe d’étourdissement? « Ça va plus vite, c’est juste une histoire de business », estime un défenseur des animaux.


Dans sa plainte, la Fondation Bardot stigmatise une seconde dérive liée, celle-ci, à l’abattage rituel. Le Code rural impose dans ce cas-là que l’animal soit immobilisé jusqu’à la fin de la saignée. Ce principe de la contention serait trop souvent bafoué. « Dans la grande majorité des cas, l’immobilisation n’est pas respectée », confirme le même inspecteur des services vétérinaires dont les missions sont aussi de veiller au « bien-être » de l’animal voué à l’abattoir. La Fondation Bardot affirme que les deux ministères concernés par la question des abattoirs sont informés de ces deux dérives mais ne font rien pour les faire cesser. Invités vendredi dernier à réagir sur la saisine de la CJR, ni l’Intérieur ni l’Agriculture n’ont donné suite. La protection animale reste pourtant une des préoccupations affichées par Bruno Le Maire. Fin 2010, le ministre a commandé à son inspection générale un audit interne dans les abattoirs, portant notamment sur la « bientraitance » des animaux en cours d’achèvement. Il a aussi demandé à ses services d’examiner une « base juridique » à donner aux préfets, afin de retirer l’agrément d’un abattoir en cas de « non-respect manifeste du droit ».


http://www.leparisien.fr/faits-divers/abattage-des-animaux-bardot-porte-plainte-contre-deux-ministres-21-02-2011-1324470.php

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