mardi 9 juillet 2013

Météo : les abeilles ont le bourdon

Apiculteur à Apach, Florent Leg éprouve parfois la nostalgie d’un temps révolu. Comme si abeilles et modernité ne faisaient pas toujours bon ménage. On prête à Albert Einstein d’avoir lié le sort des hommes à celui des premières… Voire. Mais si elles ne sont pas les seuls insectes pollinisateurs, les butineuses rayées de la surface du globe laisseraient un goût amer aux souvenirs d’enfance privés d’un bon pot de miel à convoiter. Les menaces sont nombreuses qui pèsent sur le destin des abeilles (lire ci-contre), mais cette fois l’urgence est d’une autre nature, et pour tout dire d’ordre météorologique. « Il faut savoir qu’au-dessous d’une température de 12 °C, ou en cas de pluie, les abeilles ne sortent pas de la ruche et ne butinent pas s’il ne fait pas 18 à 20 °C » rapporte Florent Leg. A contrario, des températures trop élevées et un temps trop sec privent les fleurs de nectar. Autant dire que l’instabilité météorologique de ce millésime ne favorise guère la production de miel.

Vols nuptiaux

Professionnel installé, depuis 1998, en Gaec à Apach avec son épouse Géraldine, l’apiculteur évalue le manque de production à un tiers d’une récolte normale. Soit une année catastrophique, après une récolte 2012 déjà mauvaise. Même constat au rucher école du Saulcy à Metz : « Non, seulement le temps constitue un frein à la récolte mais en plus il porte préjudice à la reconstitution des populations d’abeilles », souligne Martine Clausset. Pour remplir sa fonction reproductrice qui fonde la nouvelle colonie, la reine doit être fécondée au cours de vols nuptiaux par les faux-bourdons. « Elle garnit ainsi sa spermatique de spermatozoïdes lui permettant de pondre pendant plusieurs années, jusqu’à 2 000 œufs par jour », explicite Martine Clausset. « Les vols nuptiaux se déroulent dans les cinq à six jours après la naissance de la reine fille qui remplace la reine mère en partance de la ruche avec une partie des ouvrières. Si elle ne quitte pas la ruche assez rapidement, pour des raisons météo par exemple, la nouvelle reine en perd l’envie et cela peut entraîner la mort de la ruche. »
Si « avant » l’apiculture, « ça allait tout seul », le monde des abeilles se pique désormais d’« optimisation », sans laquelle la récolte est vouée à boire le bouillon. Il a beau déplorer, « ce qui est perdu est perdu », Florent Leg court tout de même après l’espoir d’un rayon de soleil. Hier matin à l’aube, il a embarqué 32 ruches, avant de rouler vers les sommets de l’Isère. « Elles vont y stationner un mois, le temps de la floraison des châtaigniers », précise le Mosellan. Lequel espère ainsi compléter la gamme de ce millésime pour l’heure principalement constituée de miel de printemps (colza, aubépine, fruitiers, pissenlit) et de miel d’acacia. Dimanche, son Gaec ouvrira ses portes au public, au 106 rue de Belmach à Apach. L’occasion d’une plongée dans la société des ouvrières. Fascinantes abeilles.
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http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2013/07/09/meteo-les-abeilles-ont-le-bourdon

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