mardi 29 mars 2011

Comment les défenseurs des animaux ont sauvé les agneaux de la « Condi »

Marie-Claude Lefebvre ne mange pas d'animaux. Elle préfère de loin les protéger avec son réseau des végétariens du Nord, Vegnord. Alors, quand elle a appris que les trois agneaux exposés à la Condition publique dans le cadre de l'exposition Zoonomia allaient peut-être prendre la direction de l'abattoir, la militante a tout de suite réagi. « Il fallait les sauver ! Ce sont des animaux qui appartiennent à la ferme de l'institut de Genech. J'ai donc contacté le responsable, et je lui ai proposé de les racheter au prix du marché. Il avait accepté. » Marie-Claude Lefebvre active donc son réseau de défenseurs des animaux et trouve un soutien auprès de l'association artésienne Oscar et Pillite. Ensemble, ils dégottent une famille d'accueil : les trois ovins iront tenir compagnie aux enfants du centre de loisirs de Paray-vieille-Poste, dans l'Essonne.
Voyant la fin de l'exposition se rapprocher à grands pas, elle tente de recontacter le directeur de la ferme pédagogique quelques semaines plus tard. « Il m'a alors dit qu'il avait décidé de les vendre à des bouchers ! » Les trois animaux sont en effet des agneaux boulonnais, une race que les éleveurs tentent de revaloriser auprès des gourmands. « L'hiver est une période critique où il manque des agneaux, explique Marc Leroy, responsable de l'exploitation de l'institut de Genech qui avait généreusement prêté les animaux. Ma priorité c'était de ravitailler cette filière que nous souhaitons développer. Nous travaillons dur pour sortir du revenu. » Sous la pression de Vegnord et des végétariens déterminés, l'homme se ravisera finalement.
Marie-Claude Lefebvre a payé de sa poche pour devenir propriétaire des animaux. À raison de 3 E le kilo, elle a déboursé 120 E par tête ! Hier, le petit groupe de végétariens est venu à la Condition publique récupérer les trois bêtes, qui ignorent tout de la bataille qui s'est jouée afin qu'elles aient la vie sauve. Entre-temps, les internautes du réseau d'Oscar et Pillite ont voté sur Facebook pour désigner les noms qui leur seront attribués : ce sera Clochette et Liberty, pour les deux femelles, et Pompon pour le mâle.
Christian Gonzenbach, l'artiste qui a conçu cette installation, jette un regard amusé sur les tractations autour de ces trois moutons. « Je voulais justement que les visiteurs aient une réflexion sur le devenir de ces animaux et sur la production animale », explique-t-il. Pari plus que réussi... L'artiste a tout de même essuyé les critiques des défenseurs des animaux qui l'ont accusé de « remettre dans le circuit des animaux qui ont reçu des caresses, de l'amour... » « Au moins, je leur avais offert trois mois de vie en plus, sourit-il, avant de conclure : À chacun son rôle. » L'un pose les bonnes questions, les autres trouvent des solutions. Voilà une oeuvre d'art contemporain qui aura au moins fait débat et réveillé les passions ! •
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Tourcoing/actualite/Secteur_Tourcoing/2011/03/29/article_comment-les-defenseurs-des-animaux-ont-s.shtml

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