mardi 10 juin 2014

Luz-Saint-Sauveur. Un ours inquiète la vallée

Plusieurs attaques ont eu lieu ces derniers jours entre Luz et Gèdre. Deux éleveurs qui ont perdu sept brebis la semaine dernière avouent leur tristesse et leur résignation face à un problème jusqu'ici sans solution.
Alors que depuis quelques semaines, les troupeaux prennent leurs quartiers d'été sur les estives, l'heure n'est pas à la sérénité en pays Toy. Depuis deux semaines, plusieurs attaques attribuées à l'ours ont été relevées à Luz, Betpouey ou encore Gèdre. Sous le plateau de Camplong, à 200 mètres des granges d'Héas, Mathieu Boyrie et Nicolas Zaragoza ont perdu sept bêtes suite à l'intrusion du plantigrade. «On a rentré les brebis à la grange mardi soir comme il faisait mauvais. Le lendemain, Nicolas les a accompagnées juste au-dessus de la zone intermédiaire, à 1.700 m. Il n'était peut-être pas redescendu que l'ours a sévi, en plein jour.» Nicolas Zaragoza dénombrera une brebis tuée et une manquante ; Mathieu Boyrie trois mortes et deux blessées qu'il faudra euthanasier. «De devoir tuer une brebis éventrée, je n'en ai pas dormi de la nuit, explique l'éleveur à la tête d'un cheptel de 270 têtes. Les bêtes mortes, c'est très dur. Mais il y a les autres dont certaines vont devoir avorter à cause du traumatisme. En septembre, quand elles vont agneler, combien seront pleines ? Et les agneaux qui se retrouvent sans leur mère et ne pourront donc pas être vendus. Les brebis ne veulent plus dormir là où il y a eu des attaques. L'étendue des dégâts, on ne la verra qu'avec le temps.»

Période critique

Deux jours plus tard, un bélier était retrouvé mort, toujours sur la commune de Gèdre. «J'ai changé de montagne l'an dernier car j'en avais marre de laisser des brebis avec l'ours à Bué, reprend Nicolas Zaragoza. Là, ça fait deux ans qu'on a des attaques. Il y a un ras-le-bol général sur la vallée. On ne peut rien faire. Même si on monte les voir deux fois par semaine, rien ne marche. L'effarouchement ne fait que repousser le problème chez le voisin. Les gardes du Parc national nous disent que ces prédations en nombre sont liées à la période de reproduction de l'ours, que ça va se calmer. Mais on est inquiets. Du coup, je pense sérieusement à abandonner les brebis pour augmenter mon nombre de vaches.» Des inquiétudes partagées par Mathieu Boyrie : «On ne peut pas cohabiter avec cet animal car on jette nos brebis. C'est notre passion, mais c'est avant tout notre revenu. Si je dois partir avec ma famille, qu'est-ce que je vais faire à plus de 40 ans ? Et que va devenir l'AOC Barèges-Gavarnie s'il n'y a plus de bêtes ?» En attendant, pour préserver leur troupeau des pérégrinations de l'ours, les deux éleveurs les ont changés de versant. «Depuis deux jours, ça ne bouge pas. Mais demain…»

http://www.ladepeche.fr/article/2014/06/10/1897210-l-ours-inquiete-la-vallee.html

Aucun commentaire: