mardi 3 janvier 2012

Des vétérinaires au chevet des chiens de chasse grièvement blessés

« C’est vrai, il y a des dimanches soir, ici c’est quelque chose… » Du sang, des cris, des gens inquiets. Mais aujourd’hui, nous sommes jeudi et Laurent Brisbois, vétérinaire spécialisé chiens et chats à la clinique vétérinaire du Clairmatin, à Bourg-en-Bresse, n’a pas un emploi du temps trop chargé.
Ces dimanches dont il parle, ce sont les jours de chasse, de battues. La clinique a alors l’apparence d’un hôpital militaire en temps de guerre, et il doit parfois faire appel à un collègue pour faire face à l’arrivée de chiens blessés par les sangliers.
« On fait de la chirurgie de guerre. On détermine d’abord un ordre de priorité pour soigner les plus gravement touchés. On anesthésie et on fait de la couture. »
Les blessures causées par les défenses des sangliers ou par les morsures des femelles peuvent être très graves. Des muscles percés surtout. « La semaine dernière, j’en ai soigné un où la blessure était si profonde qu’on voyait le cœur battre. »
Et les chasseurs doivent avoir le leur bien accroché quand Laurent Brisbois leur demande un coup de main pour maintenir le chien. « Heureusement, les chiens courants, comme les beagles ou les anglo-français, sont plutôt d’un naturel sociable, les teckels c’est tout ou rien. » Ensuite, la soirée peut être longue, le vétérinaire peut passer facilement deux heures sur une victime.
« Il y a le nombre de chiens, mais il faut aussi plusieurs trousses de soins. » Après la couture, c’est souvent, pour les chiens, une bonne nuit à la clinique pour se remettre de l’anesthésie dans l’une des 17 cages qui leur sont réservées.
Ce jeudi, René Tarrare, un chasseur de Villereversure, revient avec Clovis, un anglo-français affublé d’une belle collerette pour l’empêcher de lécher sa plaie. Il y a une quinzaine de jours, il a été sérieusement touché à l’intérieur de la cuisse par un sanglier. Depuis, la blessure s’est rouverte quand Clovis a sauté une clôture.
Aujourd’hui, les soins seront légers. « Il est un peu âgé et une anesthésie, ça fatigue, on va se contenter de continuer à soigner sa plaie avec de la poudre… » La blessure semble impressionnante, mais Clovis est solide. « C’est la troisième fois que je l’amène cette année après des blessures d’un sanglier.
J’ai déjà déboursé 2 200 euros, un chien comme lui, ça vaut 3 000 euros », explique René. Son épouse en profite pour glisser une petite question au véto. « Le chocolat c’est dangereux pour les chiens ? Il a attaqué une plaquette. » Laurent Brisbois est rassurant. « En dessous de 100 grammes pour un chien de 10 kilos, pas de troubles. De toute façon, des symptômes nerveux seraient apparus avec des convulsions impressionnantes. »
Clovis va à peu près bien, il va continuer à se remettre avec un petit traitement à base d’anti-inflammatoires. Sa saison de chasse est terminée. Mais en quittant la clinique, il frétille devant le vétérinaire. Comme s’il savait que s’il retourne un jour au sanglier, ce sera grâce à lui.

http://www.leprogres.fr/ain/2011/12/26/des-veterinaires-au-chevet-des-chiens-de-chasse-grievement-blesses

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