dimanche 8 septembre 2013

Ours. La naissance de deux bébés ravive la querelle dans les Pyrénées

La population des ours des Pyrénées s’est agrandie de deux nouveaux venus qui viennent d’être repérés côté espagnol. Ces naissances font prudemment espérer aux défenseurs du plantigrade une dynamique favorable de peuplement.
Les appareils à déclenchement automatique des équipes espagnoles de suivi de l’ours ont capturé le 27 août des images de la femelle Hvala, ourse slovène lâchée dans le massif en 2006, et de deux oursons de peut-être huit ou dix kilos, probablement nés en janvier ou février, a indiqué vendredi à François Arcangeli, président de l’association Pays de l’ours-Adet.
Carla Bruni marraine de la génitrice
Les nouveaux arrivants ont beau être très vulnérables (aux maladies, aux accidents, voire aux mâles dominants), ils donnent tous les signes d’une excellente santé et escaladent joyeusement un conifère du Val d’Aran espagnol sous la surveillance de leur mère.
Hvala (prononcez : ouala) confirme qu’elle est une génitrice et une mère « idéale », se réjouit Alain Reynes, un autre pro-ours.
C’est sans doute un hasard, mais celle qui eut pour marraine Carla Bruni a eu deux petits en 2007, 2009, 2011 et 2013, et elle leur a tous fait passer le cap de la première année décisive pour leur survie.
Ses deux derniers rejetons sont les premiers nouveau-nés détectés en vie en 2013 dans les Pyrénées. Un autre ourson de l’année a été retrouvé mort au printemps côté espagnol.
Espoirs d’autres petits
« On a de gros espoirs d’en avoir d’autres, a indiqué M. Arcangeli : on a plusieurs femelles particulièrement discrètes depuis le printemps et, habituellement, des femelles discrètes ce sont des femelles suitées (suivies de leurs petits) qui se tiennent loin des mâles ».
Le mâle peut en effet tuer des petits pour s’accoupler avec une femelle qui se refusera à lui tant qu’elle veillera sur sa progéniture.
22 ours dans les Pyrénées
L’ours ne subsiste plus en France à l’état sauvage que dans les Pyrénées. Au dernier recensement officiel, ils étaient au moins 22 côté français ou espagnol. C’est bien trop peu pour assurer la survie de l’espèce, disent les partisans du plantigrade ; c’est beaucoup trop pour ses détracteurs, au premier rang desquels les éleveurs pour lesquels la présence de l’ours est incompatible avec l’économie montagnarde.
Bataille entre pro et anti-ours
La querelle est passionnelle entre les deux camps et épineuse pour le gouvernement. Huit ours slovènes ont été introduits dans le massif depuis 1996. En 2006, les derniers lâchers ont mobilisé des milliers d’opposants, parfois violemment.
Les pro-ours se sont vivement émus quand l’ancien gouvernement a renoncé en 2011 à l’engagement de lâcher une femelle, avec l’apparente intention de ne pas exciter les passions. En janvier, l’actuel exécutif, et sa ministre de l’Écologie de l’époque Delphine Batho, ont prolongé le moratoire de fait. La population grandit à un rythme satisfaisant.
Un ministre au nom prédestiné
Les pro-ours n’en sont pas à partager cet avis. Les deux nouvelles naissances donnent cependant à M. Arcangeli des raisons d’employer un ton moins alarmiste qu’à l’habitude.
Certes, l’ours est dangereusement menacé d’extinction dans l’ouest du massif. Mais les femelles en âge théorique de se reproduire étaient au moins cinq cette année. La population est maintenant rassemblée dans les Pyrénées centrales, à deux individus près, ce qui est favorable aux rencontres.
Ainsi M. Arcangeli imagine que la population pourrait atteindre une trentaine d’individus. Une dynamique « intéressante », mais vraiment insuffisante, nuance-t-il. Des lâchers, homéopathiques, restent nécessaires, dit-il, et il ne faut surtout pas entretenir chez les opposants à l’ours l’idée que l’on pourrait revenir en arrière, comme l’a fait selon lui le président du conseil général de l’Ariège Augustin Bonrepaux (PS) récemment en en appelant au président François Hollande. Quant au nouveau ministre de l’Écologie, « je ne peux pas imaginer qu’un homme qui s’appelle Martin soit défavorable à l’ours : c’est le nom que donnaient les Pyrénéens à l’ours autrefois ».
 

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